mercredi 5 janvier 2011

Ici, t'es obligé de t'amuser et là, vraiment, je ne sais pas comment je vais faire

La dernière fois : après avoir traversé nuitamment un christian camp dans le parc aux séquoias géants, nos deux protagonistes ont atterri dans le désert, à Lone Pine, dans un hôtel-hommage à John Wayne. Nous les retrouvons au moment où ils s'apprêtent à quitter l'hôtel pour la Vallée de la Mort.

Ce matin-là, on voulait partir à 7 heures mais on s'est levés à 8. On est descendus dans le patio de l'hôtel. On a improvisé un petit-déjeuner avec des céréales qui nous restaient du camping — il faisait trop chaud pour des saucisses — puis on a bu un café et finalement on est montés dans la voiture à 9 heures. On savait à peu près qu'on allait traverser 13 600 km² dont le fond serait l'endroit le plus enfoncé des États-Unis (85,5 mètres sous le niveau de la mer), un truc parsemé de Borax avec dedans un tripotage appellé Montagnes Noires et une fourberie appellée Furnace Creek où il fait parfois 56,7 °C ; un endroit, dans l'ensemble, de faible densité humaine, ayant subi au moins quatre périodes de volcanisme extensif, trois ou quatre périodes de sédimentation, plusieurs périodes de déformation tectonique et dont la croûte pleine de failles le plus souvent normales n'est pas très épaisse. On pris la route pour sortir de Lone Pine, puis on a tourné à gauche :

et on est rentrés dans la Vallée de la Mort. À un moment, il y avait des travaux sur la route. Un type semblait payé pour rester assis toute la journée sous un parasol bleu, alternant les indications "Slow" et "Stop" dessinées de chaque côté du panneau qu'il tenait dans la main gauche; un autre type s'occupait d'arroser le sol devant la pelleteuse. Puis, je ne sais comment ni pourquoi, on a décidé de faire un genre de roman photo où Bonita serait très déterminée, voire méchante :


On s'est arrêtés en plein désert et moi j'ai pris la fuite :

terrifié.

Bonita n'était pas inquiète, elle attendait son heure :


et moi je cavalais dans le désert :


en laissant des traces :

Ensuite, on est remontés dans la voiture, direction Beatty, qui se trouve tout au bout de cette longue route :

J'ai pris le volant mais B. n'était pas rassurée du tout (rappel : je n'ai toujours pas le permis) ; j'ai dû conduire pendant un mile et demi et après, elle a repris le volant alors que j'aurais franchement pu conduire tout le temps. L'air conditionné est devenu une question de vie ou de mort. Il n'y avait pas d'ombre, nulle part. Puis B. a prouvé qu'elle avait des couilles. Elle me le dira plus tard, son dos s'est couvert de sueur, elle avait vraiment les jetons, mais à ce moment-là elle ne disait rien et un silence nerveux s'était installé dans la voiture après qu'on se soit rendu compte qu'on roulait sur la réserve d'essence :

Il nous restait 50 miles avant d'arriver à Beatty, Nevada, mais moi je n'étais pas trop inquiet, quoique nous étions complétement seuls dans ce désert, aucune autre voiture à l'horizon, mais je me disais, bon, si on tombe en panne, le mieux est de trouver un moyen pour se faire de l'ombre et d'attendre, hors de question de marcher ici, on serait morts en une heure. Finalement, on est arrivés à Beatty et Bonita m'a dit : putain j'ai trop flippé, touche mon dos, et on a trouvé un motel où j'ai fait l'amour pendant une heure avec l'air conditionné et un miroir. Puis j'ai fait une sieste pendant que Bonita rencontrait des Suisses dans la piscine et, ensuite, on a été voir une ville fantôme à côté de Beatty :



et tout a recommencé. Bonita est descendue de la voiture :

et elle m'a mis une raclée :

parce que, par exemple, je n'avais toujours pas passé mon putain de permis de conduire, disait-elle en hurlant couille-molle :



Finalement, elle m'a attaché à un genre de cactus avec sa ceinture pleine de strass :

et on a été voir le coucher de soleil en buvant une bière. Rentrés à Beatty pour dîner dans un genre de cabane championne du monde du chili con carne, on a regardé Dance Your Ass Off :



et j'ai été très ému par ce truc de les-gros-dansent-aussi, ça m'a beaucoup touché, je trouvais ça chouette, béat je l'étais, et puis les gens de la cabane à chili, un petit couple de vieux hippies, étaient vraiment mignons, et des autochtones passaient dire bonjour et boire une bière accompagnés de leur caniche ou portaient un air de camionneur cool sur leur casquette élimée, et tout le monde riait ou admirait ou ignorait ce truc de danser-pour-maigrir-sous-le-regard-de-milliers-de-gens, ce qui est indéniablement bizarre et terrifiant, mais j'étais d'humeur contemplative, et, au début, je n'avais pas vraiment compris l'enjeu de l'émission (faire magrir les gens en dansant (tu parle d'une idée à la con (vraiment un truc pour se foutre de leur gueule (aux gens (l'horreur))))) et je ne voyais que des gros danser et je me disait juste ah cool, ça change, c'est vrai quoi, des fois, les gros c'est beau, et j'ai pris en photo une tiare et une bouteille de Jim Bean :


et tout les prix de concours de chili :



Puis on bu quelque bières de plus et je suis parti de cette cabane bienheureux, calme et satisfait, admirant ce machin :

après avoir admiré ce drapeau :

On est rentrés et on a été faire un tour au casino du motel. On a retrouvé la copine suisse de Bonita et on a joué quelques dollars aux machines à sous :

en prenant quelques infos sur Las Vegas (la fille suisse revenait de Las Vegas). Puis j'ai laissé les filles et les machines, je suis passé par le parking du motel :


et j'ai été me baigner dans la piscine. Jusqu'à une heure du matin, j'ai sauté dans l'eau :


en essayant de capturer un saut dans l'eau :

encore et encore, j'aurais pu faire ça tout la nuit. C'était merveilleux.

Le lendemain, on voulait se lever à 4h30 du matin pour partir voir le lever de soleil à Zabriskie Point, mais le 20 juillet 2010, on s'est levés à 5h30. Il faisait encore nuit. J'ai été au casino de l'hôtel, qui ne ferme jamais, pour prendre deux cafés et je me suis laissé tenter par une omelette qui a mis très longtemps à cuire. Tout le monde avait l'air débile, les caissières, les cuisiniers, tout le monde l'air abruti, épuisé, vidé, amorphe, comme des idiots au sens fort du terme, fou et absent. Quand je suis ressorti avec l'omelette, le jour se pointait et Bonita m'a dit : nan mais qu'est-ce que t'as foutu ? On va pas se taper le lever de soleil sur un parking ??? et j'ai dit oui pardon, j'avais vraiment envie d'une omelette, et on est partis. Il faisait déjà affreusement chaud. Le désert ressemblait à ça :


Puis on est arrivé à Zabriskie Point, presque en même temps que cinq Français qui semblaient tout droit sortis d'un école de commerce. Il y avait deux énormes corbeaux sur le parking :


On est montés, péniblement (il faisait déjà 40 °), voir la vue du point de vue, et là, c'était boum-bang-dans-tes-paupières :


Puis, les Français se rapprochant dangereusement, on s'est enfuis sur une piste :

et c'était hallucinant :

pas d'autres mots :

je comprends qu'ici des hordes de hippies soient venus s'intoxiquer au LSD :

cet endroit est tout à fait capable de libérer la puissance télékinésique d'une jolie fille :



et ces bosses :

tout ce machin :

en marchant :

c'était comme dans un rêve. Par contre, pour l'intoxication, ce n'était vraiment pas la bonne saison. Jamais de ma vie je ne boufferais un trip par cette chaleur. Notre retour de promenade a été intense. On a dû mettre 1 heure pour faire 300 mètres. J'ai vraiment cru que j'allais avoir une crise cardiaque, mon cœur battait dans ma poitrine et dans mes tempes et dans mes doigts, j'ai vraiment cru que j'allais m'évanouir. Bonita marchait devant, lentement. J'ai pensé aux lèvres sèches et explosées de Lawrence d'Arabie. Puis on est remonté en voiture, on mis la clim' et on s'est baladés dans le cayon des 20 mules en écoutant Rose & les frères Maddox :



Le simple fait de rouler dans des paysages pareils nous rendait heureux. Ce truc devrait être offert par la sécurité sociale :

Je dis ça sérieusement.

Puis on a été voir un autre point de vue complétement dingue :


Puis il était neuf du matin et on est partis vers Amargosa :

Amargosa ressemblait à ça :

avec même un opéra (?) :

On y a trouvé un petit resto tenu par une grand-mère adorable qui m'a sauvé la vie en me refilant un vieux paquet de Marlboro (j'étais, comme qui dirait, en panne). On a mangé un morceau et on lui a posé des questions sur Las Vegas. Elle nous as dit qu'elle y allait tous les week-ends avec sa petite-fille (qui était en train de jouer à la marchande derrière le comptoir), en grande partie parce que c'est comme une oasis : air conditionné + piscines sur le tout du tout. Elle nous a parlé des choses qu'on pouvait voir gratos (tel spectacle de fontaines, tel casino délirant) et elle nous a conseillé un endroit abordable pour des petits-déjeuners. Un couple de jeunes Noirs de Brooklyn est arrivé et la femme, une artiste, a complimenté Bonita sur sa jolie robe, puis on a parlé de mouvement brownien avec son mari qui bosse dans la finance (voilà ce qui s'appelle défier les stéréotypes sur les jeunes noirs de Brooklyn) et on est partis. On a traversé un désert — certainement plein de doigts coupés, de genoux brisés, d'yeux crevés, de cadavres de tricheurs — en se dirigeant maintenant vers cette pute de Las Vegas. Arrivé à Pahrump, on a fait le plein :


on est passés devant des champs de caravanes déglinguées :

et on a été s'acheter à bouffer au Wall-Mart :

L'entrée était couverte de photos de gens morts au Vietnam, et un vielle femme, largement plus de 60 ans, semblait payée (je parie sur une misère) uniquement pour dire bonjour aux gens. Je me suis acheté des lunettes de soleil, et on a pris de quoi se faire des sandwichs. Notre caissière (plus de 40 ans) avait un tatouage CAN'T FORGET THAT DAY— 9.11— sur l'avant bras droit ainsi qu'un Spider-Man en couleur et Venom attaquant les Twin-Towers tatoué sur l'épaule. En sortant, j'ai vu un vieux sur un scooter de vieux :


Ensuite on a pique-niqué au bord de la route, ici pour être précis :

Puis on foncé vers L.V., en mangeant des fraises :

croisant un château fort pour strip-teaseuses :

des montagnes magnifiques :


et de faux sapins (quel est le responsable de ça ?) du désert / vraies antennes de téléphonie :


L'arrivée à Las Vegas n'a pas été grandiose. On est d'abord tombés sur des maisons à la con :


puis sur le plus grand poteau de feux rouges au monde :

et enfin sur un banal hamburger géant :

mais quand on est arrivés sur la Frank Sinatra Drive (à ce moment là, j'ai pensé à une rue Michel Sardou dans Paris (il faut reconnaître que Frank chante mieux que Michel, mais dans le genre crapule, tous deux se valent)), Purple Rain de Prince s'est déclenchée dans l'auto-radio et on s'est mis à chanter jusqu'à ce qu'on arrive sur le parking du Circus Circus, notre hôtel, et que Pluie Violette se termine exactement, pile, parfaitement au moment où l'on trouvait une place. Ensuite, on a eu droit à la chambre la moins chère de tout notre voyage, 50 $ la nuit. Une chambre assez moche :


avec un vilain meuble télé :


des croûtes circassiennes (le thème de l'hôtel) :


Un miroir :

Un coffre fort :

Une porte qui donne sur une porte :

Un sèche-cheveux :


La traditionnelle sculpture de serviettes, mais mal faite :

et des charnières en or :

La douche était affreusement bruyante et la chasse d'eau des toilettes faisait le même bruit que celle d'un avion. Je me suis demandé comment la merde était ici évacuée, pensant à un système de plomberie qui exploiterait notre altitude.

J'ai pensé bon, ce matin, on était nus dans la Death Valley :

et nous voilà maintenant au 22 éme étage de la Skyrise Tower du Circus Circus :

et je me suis allongé sur le lit. Dans le Las Vegas 2 go, dont le rédacteur en chef s'appelle Leslie Frisbee (je suis sérieux), on apprenait qu'en ce moment à Las Vegas, en plus d'un hommage au Rat Pack de ce rat de Frank Sinatra, du Roi Lion, des Beatles par le Cirque du Soleil, d'un spectacle d'acrobates aériens et d'une comédie musicale sur la ménopause, on pouvait trouver toute une galaxie de ringards comme David Copperfield au MGM Grand, Deana Martin (la fille de Dean) au Suncoast, Jerry Seinfeld au Cæsar's Palace, Jimmy Cliff au Mandalay Bay, Justin Bieber au Planet Hollywood, Kool&the Gang au Silverton, Pat Benatar au Thomas&Mack Center, les Chippendales au Pure Nite Club, le magicien dit " The Mentalist" à Planet Hollywood, Angelina Bridges (d'Alertes à Malibu) au Luxor Fantasy, etc. Et je me suis demandé si, vraiment, on allait réussir à se marrer.

Après s'être douchés, on s'est aperçu qu'une sieste était impossible, on était juste trop excités. Alors on est descendus faire un tour dans le parc d'attractions du Circus Circus, que l'on peut voir depuis notre fenêtre et qui ressemble à ça, dans son genre de dôme rouge :

On a pris l'ascenceur et à ce moment-là j'ai pensé que les ascenceurs de L.V. étaient comme des prélèvements sociologiques, un art du carottage social, ces petites boîtes d'hommes, généralement bondées, réunissant tous types de gens pendant de curieuses secondes d'hétérotopie. Puis on a atterri au premier étage, les oreilles bouchées par une chute de 22 étages. On a tourné un peu dans l'hôtel, errant dans un décor pseudo-européen, ni plus ni moins qu'une allée de centre commercial haussmano-romanoïde, croisant de multiples hordes d'obèses et cherchant ce chapiteau rougeoyant, cette capsule digne de celle de Total Recall, plantée, comme tout le reste de cette ville, en plein désert. L'entrée du parc était gratuite et petite et presque discrète. Cette modestie visait clairement à renforcer le choc de pénétrer tout à coup, au hasard d'une ruelle factice, sous une géante bulle rouge traversée en permanence par des trains de gens hurlants et jaillissants de rochers gigantesques qui ne cherchent même plus à avoir l'air de vrai rochers mais qui semblent juste vouloir ressembler à des rochers de cinéma. Régulièrement, des gens tombaient de plus de trente mètres. Le climat est devenu humide, voire tropical. Toutes choses sont devenues violettes. Une jeune fille (quatorze ans maximum) a essayé de me vendre un t-shirt électronique, un t-shirt avec des diodes qui s'allumaient aussi frénétiquement que son regard était éteint. En me présentant le clignotant maillot de corps, elle a passé sa langue sur ses lèvres en prenant un air que je qualifierais de sexualisé. Puis, alors que le grand splash venait mourir en hurlant dans sa mare d'eau chlorée et que je rejoignais Bonita pour lui faire part du pédo-évenement que je venais de vivre, j'ai vu, un peu plus loin, un standiste désœuvré, lui aussi très jeune, l'air fatigué, usé, livide, et ennuyé. Il a croisé mon regard et compris que je l'avais supris en pleine absence, et, pendant une seconde, il a eu un air coupable avant de se rallumer comme un robot se déclenche et de fuir mon regard. J'ai rejoint Bonita. Autour de nous, il n'y avait que des familles — le Circus Circus est le plus famillal de tous les grands casinos, ce qui explique aussi ses tarifs— ou des groupes d'adolescent(e)s obscènes. Je commençais vraiment à être naze mais Bonita avait déjà commencé sa transformation (j'y reviendrai). Elle cavalait de stand en stand, l'air aussi stupéfiée qu'hystérique. On a fait le tour de cet énorme rocher central :

et on a croisé un stand qui proposait de vous prendre en photo (sépia) dans un costume de cow-boy authentiquement 19 éme siècle, un stand qui proposait de vous tirer le portrait en personnage de Star-Wars, un stand de portraits sculptés en terre cuite, un jeune taggueur masque à gaz sur le visage qui vous proposait un portrait à la bombe et une Chinoise de 60 ans en train de dessiner le portrait de Tupac Shakur :

(toute cette micro-industrie du portrait mériterait un sociologue). Puis on a vu un stand qui vendait des t-shirts J'aide les mères célibataires avec une strip-teaseuse pole dansante dessinée sous l'ignoble slogan, ce qui a un peu calmé Bonita et amorcé le repli vers nos quartiers. Sur le chemin du retour, on a croisé une femme qui s'occupait du stand le plus étrange de toute cette foire. Elle vendait un genre de boule molle à jeter partout, comme une boule de morve à peine décorée, vaguement incrustée d'une autre boule jaune ou de deux taches noires et de deux taches rouges. Un truc un peu comme du slime :

mais en plus compact. La fille semblait passer toute sa journée debout, le visage fermé, le regard ailleurs, l'air absolument détachée, jetant sa boulle molle contre une table basse blanche :

rejetant sa boule :

encore et encore :

la boule rejetée sur la table basse. Lorsque l'on a croisé ce regard absent, au moment de lui demander l'autorisation de prendre en photo ses boules molles, s'est matérialisé un mélange d'indifférence, de honte et de haine finalement plutôt rassurant (surtout la haine). Puis on a remonté en 20 secondes nos 22 étages. Depuis le début du voyage, Bonita lisait Une Hyper-Amérique, Argent, pouvoir, corruption ou le modèle Las Vegas, de Sally Denton et Roger Morris (j'ai moi-aussi fini par le lire et je le préconise) et elle avait régulièrement — que soit dans la tente, dans un motel, sur une plage ou au pied d'un arbre —sorti la tête du livre en disant oh lalala, c'est hallucinant comment c'est dégueulasse. En arrivant dans notre chambre, j'ai dit :

- mon dieu, quelle horreur, je ne sais pas si je vais réussir à tenir longtemps ...
- Ouais, c'est raide, mais je t'avoue que ça fait du bien d'avoir un peu de recul...
- Quoi ? ton bouquin ?
- Bah oui, quand même, au moins je sais où je suis...
- Nan mais laisse tomber ça, là, ça sert à rien du tout le recul ! Le recul ici, c'est même pire que tout, moi je me demande surtout comment je vais faire pour ne pas me taper une dépression.

Puis on a essayé de faire une sieste. On dit souvent que le vrai spectacle de Las Vegas, ce sont les gens qu'on peut y voir... eh bien, c'est vrai, et, en cherchant le sommeil, j'ai fait une liste des gens que j'avais croisés. Deux vieux Mexicains en serviette de bain dans la rue commerçante. Une serveuse aux seins aérodynamiques. Une vielle dame fumant devant une machine à sous. Cinq quadragénaires obèses qui descendaient les escaliers. Plusieurs nuages d'adolescents, plein de crêtes et de parfum bon marché, qui semblaient tout droit sortis d'un film porno. Des blancs en chemisette et en short. Puis je me suis dit, ce n'est pas nouveau, Las Vegas est un endroit vil, un endroit abject, une agglomération ignoble, un congrès de médiocrité, indigne de n'importe qui, hélas pas du tout insignifiant mais absolument obscène, sordide, vulgaire, dégoûtant, commun, grossier, immoral, trivial, pas du tout plat, ordinaire dans son horreur et mesquin dans sa joie, essentiellement mauvais voire odieux, malpropre parce que trop propre, laid, avilissant, vicieux, inqualifiable mais faible de manière contagieuse, dépravé, corrompu, servile aux forces politiques et criminelles les plus abjectes, méprisable, méchant, prosaïque dans sa domination, licencieux, crapuleux, sombre, roturier, minuscule, lâche, grivois, dégradant, pornographique, rampant, boueux, brutal, rebattu, terre à terre, vénal, infamant et très populaire, voir populacier... mais pour nous, maintenant qu'on est là, la vraie question c'est : comment est-ce qu'on va faire pour réussir à se marrer malgré tout ? Parce que c'est pas compliqué, ici, t'es obligé de t'amuser et là, vraiment, je ne sais pas comment je vais faire... et j'ai pensé aux essais nucléaire dans le désert :



et j'ai commencé à m'endormir jusqu'à ce que Bonita me dise tu dors ? et que je lui réponde non et qu'elle me dise moi non plus, j'arrive pas, on va manger un morceau ?

La prochaine fois : où Gwyneth rencontre Prince sur Fremont Street, où Bonita ne dort plus du tout, où tous deux font l'expérience d'un karaoke émouvant avec un Mexicain borgne.

5 commentaires:

  1. Je vous ai mis en lien sur mon blog ( http://maviealosangeles.blogspot.com/ )

    Bises

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  2. merci, je vais lire le vôtre incessament ( je ne sais pas comment on écrit incessament)

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. Votre blog est tellement hilarant et original! Merci pour cet étalage nature de votre trip aux states.

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