samedi 1 janvier 2011

Acclamation dans la vallée

La dernière fois : Après avoir traversé le parc du Yosemite, B.T et G.B ont dormis dans un motel à Sanger.

Au petit matin, notre motel était tout à fait coiffé en brosse :

ou en crête hôtelière :

On s'est baigné pendant une heure et j'ai photographié un tuyau turquoise :

et on a repris la route en suivant deux jet-skis :

Sur la route, des petites maisons :


et de longs champs d'oranges (Orange Belt) :

Puis à nouveau des chênes par milliers :

et une vieille bagnole :


Ensuite, Sequoia Park et ses séquoias géants :

(l'arbre de Noël des États-unis (ci-dessus), couramment appellé Général Grant, est vieux de 1 700 ans, large de 33 mètres, pèse 1 325 tonnes, mesure 82 mètres de haut, pourrait contenir 159 000 ballons de basket ou plus de 37 millions de balles de Ping-pong, et on le considère parfois comme le deuxième être vivant le plus imposant du monde, juste après son confrère le Général Sherman (arbre), qui a perdu, en 2006, sans qu'aucun témoin ne puisse la voir tomber, une branche de 33 mètres de long et deux mètres de diamètre, une branche qui ressemblait à un "L" ou à un club de golf et qui a creusé un cratère dans le sol comme le trou d'une bombe)

et promenade dans cette forêt préhistorique :

avec nos potes les touristes :

Et on a fini par trouver un camping à Hume Lake, dans le parc aux séquoias géants. Pendant le dîner, on s'est sérieusement engueulé. Ça a commencé parce que, pour remplacer nos tasses en plastique perdues, on aurait dû acheter des gobelets en plastique dans ce Wall-mart où on a enfin acheté un réchaud. Tout ça, je disais, c'est la faute à l'obsession de Bonita qui ne veut surtout pas dépenser trop d'argent en Amérique. Elle coince là-dessus comme une manière de Sainte Porte-Monnaie qui me rend dingue et je disais: c'est comme si on s'était laissé pétrifier par l'achat du réchaud, on a mis tellement longtemps avant d'acheter ce réchaud — presque trois semaines — que c'est pratiquement devenu un investissement sur vingt ans — L'Achat Du Réchaud — et j'ai dû négocier avec toi pendant une bonne demi-heure dans les allées du Wall-Mart et après, on s'est enfui avec l'impression coupable de s'être acheté une piscine en or ou je sais pas quoi — alors que c'est juste un réchaud, merde, c'est pas un écran plasma pour la tente, on aurait pu aussi acheter deux saucisses et trois cookies histoire de kiffer un peu, parce que là, on n'a que du riz à manger. Et je m'énervais, maudissant l'idée de frugalité et j'ai essayé, en une photo, de faire ressortir la part monumentale du réchaud Wall-Mart :


Puis silence pendant la cuisson du riz. Au bout d'un moment, j'ai violemment cogné mon poing dans la table, la seule chose concrète que j'ai trouvée pour faire face à cette impression de ne rien contrôler, pas même notre cuisine, que tout nous échappait, que nous étions véritablement les touristes de notre propre vie, rebondissant comme des boules au hasard des obstacles, chances, aléas, événements, circonstances, occasions, accidents, cas, aventures, éventualités, rencontres, malchances, incertitudes, fortunes, destins, fatalités et j'ai fini par faire brûler le riz parce que le réchaud était trop puissant. Puis l'engueulade s'est muée en discussion, Bonita a trouvé deux vieux gobelets en plastique qu'elle avait chourave dans un motel, et on a bu, discuté, bu, discuté, mangé du riz brûlé, puis rediscuté, cherchant un genre de consensus, un équilibre, une bonne raison pour ne pas paniquer face à l'abyme ouvert par ce putain de réchaud, quand une clameur s'est élevée dans la nuit. Un son de foule en délire. Une acclamation dans la vallée.

Cet après-midi, on s'était baigné dans le Christian Camp voisin. J'avais traversé le lac à la nage pour impressionner Bonnita et on avait glandé sur la plage de cette espèce de colonie de vacances chrétienne. Clairement, les ovations, bis, hourras, louanges venaient de là-bas. Notre abyssale discussion ne semblait pas avoir de limites alors, pour interrompre la spirale, j'ai dit : on va voir ce qu'ils foutent ? et on est parti en suivant le bruit dans la nuit, sauvés des aléas par un événement, des circonstances par un accident, des incertitudes par une aventure, bref, ne pouvant faire autrement que d'accepter notre destin de balle rebondissante :



plus ou moins désireuse d'un écran plasma.

On marchait sur la piste noire qui allait de notre camping au Christian Camp, piste qu'on imaginait pleine d'ours en l'éclairant partiellement avec notre lampe solaire. On se demandait : peut-être un concert ? Ou alors une fête ? C'est comme... un bruit de vagues, a dit Bonita et moi j'ai dit : c'est peut-être un concert mais j'arrive pas à croire qu'ils font des concerts là-dedans mais, oh, écoute, ça y est, ils recommencent, non, moi je dis, c'est pas un concert, on entend même pas de musique.

On est arrivé par l'arrière du camp chrétien, en tombant sur les cuisines d'un restaurant, à travers une prairie sombre et imprécise constellée de tables de pique-nique qui paraissaient ne jamais devoir servir à personne. Les lampadaires du camp faisaient apparaître les arbres en silhouettes monstrueuses et de la fumée, ou de la brume, flottait au-dessus d'un sol couvert d'épines de pins. On était encore invisible. Dans le noir, on s'est assis sur le banc d'une table de pique-nique, hésitant pendant quelques secondes à pénétrer le camp, observant. Puis on a fait une première approche — pendant tout le trajet, on avait gardé nos verres de vin à la main, apéritif nomade qui, dans ma tête, servait aussi à signaler notre décontraction, une attitude genre on-sort-de-table — on s'est allongé sur la plage, au bord du lac, dans la pénombre, un peu à l'écart des jeunes qui discutaient en suçant leurs pailles sur la terrasse du restaurant et on a fini notre verre tel un futur couple qui apprendrait à mieux se connaître et qui pourrait se souvenir, dans vingt ans, comment cette plage et ce verre de vin constituaient l'épiphanie de leur amour. La clameur s'est tue. Bonita m'a parlé de ses amis qui ont fréquenté Frat, Taizé, et d'autres camps chrétiens à la française, et je lui ai dit ouais, moi aussi j'en connais, et ils m'ont tous dit que c'était génial, qu'ils s'étaient éclatés à mort là-dedans. Et le bruit a repris, d'un coup, le bruit d'un stade comble. On a fini notre vin et suivi le bruit en rentrant vraiment dans le camp, l'air de rien, croisant des groupes de jeunes gens qui allaient pull sur les épaules et plusieurs baraquements disposés à flanc de colline, châlets en bois ou chambres collectives l'air vidé de leur substance, sauf rapide visite pour enfiler un jean ou prendre un gilet. À un moment, on a croisé une horde de boutonneux dévalant la montagne et on a cru la fête finie, mais à nouveau la clameur est repartie, toujours plus forte, et on s'est dit, excités, mais-c'est-où-la-teuf ? mêlant des souvenirs d'infoline et de free-party au camp chrétien. Puis on est tombé sur une petite église et par la fenêtre, on a vu cinq ou six jeunes (13-15 ans) qui attendaient quelque chose devant une table couverte de bouteilles de soda, de gateaux et de choses comme ça, Fanta orange. On a continué à chercher l'origine des cris, dans un camp à motié désert rempli de sapins géants faiblement éclairés. On a croisé plusieurs panneaux où Children of God était gravé plutôt maladroitement. À travers pins et épines de pins, on a gravi une colline, guidés par le bruit et, au loin, tout en haut de la colline, le chemin que nous avons fini par trouver aboutissait à un amphithéâtre. Bonita voulait passer par derrière et mater. Moi j'étais d'avis frontal (je ferais un très mauvais espion) : on y va et on demande si on peut voir. On s'est avancé vers une sorte de micro-vomitorium, une entrée parallèle à la grande entrée que nous n'avons jamais pu voir, une évacuation mineure. Devant, un jeune type avec un air et une fonction volontaires, carte en plastique autour du cou, nous a accueillis d'un chaleureux "How is it going ?" et j'ai répondu " goooooood" en souriant et il nous a tout de suite précisé, en regardant Bonita, ah mais c'est trop tard pour les filles, elles viennent toutes de partir, maintenant c'est le tour des garçons et je lui ai dit ah... mais on est français, du camping voisin, et nous serions très curieux de voir votre rituel. Il a eu l'air interloqué, euh... non, seules les personnes du camp... mais... qu'est-ce que vous ... et on a dit ok, tant pis. On a tourné les talons en même temps que l'amphithéâtre se levait et hurlait comme un seul homme sans femme, un truc un peu comme ça :



mais tout de même moins grand, quoique trois ou quatre cents jeunes hommes qui hurlent en réponse à leur chef, ça produit son effet. La clameur a couvert notre fuite et distrait le volontaire, mais les cris semblaient aussi avoir annoncé la fin de quelque chose. En redescendant la colline, on s'est retrouvé mélé à la sortie de l'amphithéâtre constituée d'une foule de damoiseaux enthousiastes, papillonnant d'un groupe à l'autre et semblant se diriger vers la petite église où leurs comparses attendaient quelque chose devant une table recouverte de mets trop fluorescens pour être vraiment chrétiens. À cet âge-là, tu réfléchis beaucoup, si je me souviens bien, et des bribes de discussions sérieuses, profondes et joyeuses sur le sens de la vie jaillissaient de partout. Puis Bonita m'a dit : "je suis la seule fille" et elle m'a pris par la main. On était un peu terrifié. On a tout de même essayé de rentrer dans la petite église, mais il y avait un adulte devant chaque porte et quand on a croisé deux hommes en k-way security patrouillant dans une voiture de golf, talkie-walkie aux lèvres, on a décidé que ça suffisait comme ça et on est rentré. Les cris dans la vallée ont continué jusque tard dans la nuit et j'ai dit à Bonita, moi, si j'étais Ben Laden, je foutrais une bombe là-dedans, je t'explique pas le scandale, et elle m'a dit : t'es con, avant que je ne commence à lui mordre le cou.

Le lendemain, 17 juillet 2010, on s'est baladé en voiture sur la route 180 qui se termine par un rond-point, en pleine montagne. Beaucoup de pins, beaucoup de rochers. Accumulation de vues de points de vues, tu roules, tu arrives à l'endroit, tu descends, tu marches un peu, tu vois ton point de vue, tu admires, tu photographies et tu repars. À un moment, on a vu un paquet de coccinelles :

et deux types se faire arrêter :

puis des beaux cailloux :

et des beaux cailloux :

Après ça, j'ai fait une sieste sur la table de pique-nique et après la sieste, baignade dans le lac et après le lac, courses au camp chrétien (ces salopards vendent les cookies 4$ plus cher que chez Wall-mart). Puis les cerceaux de notre tente à 30$ ont explosé et je les ai réparés avec du scotch :

Le soir, il y a encore eu clameurs dans la nuit. Bonita a dit : "ce n'est pas qu'un événement, ça ponctue leurs journées". Le lendemain matin, 18 juillet 2010, en sortant la tête de la tente, j'ai vu un écureuil qui avait l'air de s'éclater en sautant partout. J'ai eu envie d'être un écureuil. Puis j'ai pris en photo un robinet qui ressemblait à un écureuil :

et j'ai vu deux enfants marchant dans le camping avec des brosses à dents éléctriques dans la bouche (ça m'a choqué) et on est parti vers la Death Valley.

On a pris la R65 vers le sud et c'était encore la ceinture d'oranges :


et le poil californien :


vers Visalia, Porter ville, Tulare, Ducor ou Jasmin. On tourné à gauche pour prendre la R 155 vers l'est, en écoutant Southern man de Neil Young, et face à cette route :

Bonita a crié Yahoooooooooooo.

Puis on a vu des chevaux :

j'ai pris mes chaussures en photo :

et on a croisé une ferme :

et des vaches :

et des chênes roux :

fenêtres ouvertes et bronzant du bras.

À un moment, au loin, on a vu un nuage suspect :

puis une maison bleue :

un tas de cailloux :

un autre tas de cailloux :

un champ avec des tracteurs :

et un poteau et des montagnes western :

On allait droit dans le nuage :


et on a vu des cactus apparaître :

et encore un tas de cailloux :

Avec le nuage en face de nous :

Bonnita chantait :

Il n'y avait plus d'arbres :

et on est arrivé là :

un genre de grand trou, le début du désert.

Le nuage est passé à notre gauche :


On a croisé un camion de pompiers :

et à Coyote Trail :

on est passé dedans le nuage de feu :


et on est ressorti sur la longue route :

On était dans le désert pour de bon, maison citron :

et maison ossements :


On a remonté la 395 vers le nord et arrivés à Lone Pine, on a atterri dans un vieux motel presque-européen, le Dow Villa :


et j'ai eu une idée déprimante ou inquiétante ou à la con. Je me suis dit que l'alternance camping / motel était un peu comme de passer d'un documentaire animalier à un film porno, peut-être parce que les chambres du Dow Villa étaient très champêtres, avec du papier-peint et des dessus de lits fleuris, mais aussi très cinématographiquement décorées. Dans ce motel, John Ford et son équipe venaient régulièrement se brosser les dents entre deux chutes de cheval et on pouvait voir des portraits de John Wayne et d'autres acteurs un peu partout dans les couloirs, toilettes, chambres, salons du motel — ce qui n'a pas grand chose de porno (les Westerns, je veux dire), sauf que la face de John Wayne a toujours été obscène selon moi :


Mais, en dehors des spécificités du Dow Villa même, j'associe motel et film porno parce que, tout comme la plupart des documentaires animaliers sont tournés dans la nature, la plupart des films pornos sont tournés dans des hôtels et le fait de passer aussi rapidement d'un décor à l'autre dans la même journée m'a fait la même sensation, quoique qu'un peu plus dilatée, plus lente, moins électrique, mais la même sensation, le même petit choc, le même genre de surprise ou de surgissement, que celle de passer d'un documentaire animalier à un film porno en un clic (la plupart du temps, je télévois le monde, et en grande partie (si l'on compte en nombre d'heures passées à) j'ai surtout télévécu le monde, que ce soit par internet ou la télévison, et je ne crois pas me tromper en disant que le monde, lorsqu'il est télévécu, c'est les États-Unis, certainement l'endroit le plus photographié, filmé et retransmis au monde (et le principal producteur de film pornos et de documentaires animaliers au monde) donc... euh... j'ai perdu le fil... mais voilà quoi : le va-et-vient rapide entre ces deux décors, dans la vraie vie, a produit la même sensation que la succession de deux décors dans la fausse vie que je mène la plupart du temps, et c'était un peu déprimant, cette superposition, ce calque, cet écho d'une expérience réelle avec une expérience virtuelle, déprimant ou plutôt inquiétant, ou plutôt, non, en fait c'était juste étrange d'avoir eu cette idée à la con, parce que toutes deux (les expériences) ont vraiment eu le même effet sur moi, et que ça, ça remet totalement en question cette différence entre réel et virtuel telle qu'on peut la concevoir vulgairement, mes expériences virtuelles semblant alors aussi réelles que mes expérience réelles, ce qui est assez angoissant ou vertigineux ou disons plutôt absolument indémerdable parce que, parfois, c'est comme si je ne pouvais pas échapper à ces expériences indirectes qui, il faut bien le dire, même si des fois c'est chouette ou en tout cas réel, sont passablement frustrantes et déprimantes en fin de compte ; ça doit être pour ça que je rêve de partir loin, autre part, ailleurs, dehors, dans un endroit que je n'aurais jamais télévécu, peut-être comme, je ne sais pas moi, Alert, le lieu habité le plus au nord du monde où je surveillerais les terres de l'extrême nord du Canada avec mon radar, ou Nullarbor, le plus grand ensemble calcaire d'un seul tenant au monde où je fouillerais des cavités naturelles spectaculaires avec un ami aborigène, ou Ghawar, le plus grand gisement pétrolier du monde où, sous prétexte de boulonner et de déboulonner des pipe-lines jusqu'à épuisement, je fomenterais une révolution avec tous les intoxiqués au souffre de la région, ou Xiao Zhai Tien Ken, le puits naturel le plus profond au monde que je descendrais en rappel pour y chanter À la Clairefontaine, ou le Spielwarenmesse International Toy Fair, le plus grand salon du jouet du monde, où je serais invité en tant que journaliste spécialisé chargé d'enquêter sur le taux de mercure dans les nouveaux cheveux de Barbie, ou l'Islande, où je partirais observer les Océanites tempêtes rien que pour leur nom... Enfin, j'en sais rien, mais il faudrait que j'y aille, là-bas, pour savoir si j'y suis vierge de déjà-vu, autrement dit : jeune et très certainement beaucoup plus enthousiaste, ou du moins réceptif d'une manière franche et spontanée, sans multi-filtres dans le cerveau : frais, quoi (mais peut-être que tout ça n'a foutre rien à voir avec internet, les films pornos, la télévision des choses, Ghawar, le plus grand ensemble calcaire d'un seul tenant du monde, le Spielwarenmesse International Toy Fair, les Océanite tempête et les motels, mais que la véritable chose à laquelle je ne peux pas échapper c'est que je deviens vieux et que l'ennui est chaque jour un peu plus mon ennemi)). Après on s'est douché, on a été manger un chili con carne, boire des bières, relever nos mails, manger une glace et j'ai pensé à autre chose.

En revenant, il faisait toujours affreusement chaud et on a décidé de profiter de la piscine ouverte toute la nuit. Dans le jacuzzi, on a rencontré un père et son fils qui allaient faire une partie de pêche dans la région. Ils venaient de San Diego et étaient aussi surfeur l'un que l'autre, c'est-à-dire bronzés, musclés, et vraiment détendus. On parlé du Mexique (au début, on voulait aller faire un tour au Mexique). Le père nous a dit, non, moi, je n'emmènerais pas ma femme là-bas, en tout cas pas vers la frontière, c'est très dangereux. Il connaissait bien la région parce qu'il vivait du commerce des fleurs, partant régulièrement au Mexique, en Basse-Californie, un peu derrière Tijuana, pour acheter des fleurs ou récolter des fleurs, je crois même qu'il avait plusieurs serres là-bas, production qui revient moins chère, bien sûr, avec des ouvriers mexicains qu'avec des ouvriers américains, a-t-il ajouté d'un air triste avant de poursuivre, mais non, c'est vraiment dangereux, le mois dernier il y a encore eu trois touristes décapités là-bas.

Alors que nos doigts commençaient à friper, le père et son fils ont été remplacés dans le jacuzzi par deux Québécois, jeunes et eux aussi extrêmement musclés. L'un était étudiant-ingénieur, l'autre charpentier. Ils avaient acheté une jeep à Vancouver, descendu toute la côte jusqu'à San Diego (qu'ils ont qualifié de paradis) et étaient maintenant sur le chemin du retour. Comme nous allions traverser la Death Valley le lendemain, on leur a demandé, alors ? et, sur un ton épique et comique à la fois, ils nous ont décrit leur traversée, dans une jeep sans toit, à midi précise, sous un soleil qu'ils ont qualifié d'infernal, en précisant qu'ils avaient fini par mettre leur t-shirt autour de leur tête comme des Arabes. Puisque nous devions aussi aller voir Las Vegas après avoir traversé la Death Valley, on leur a encore dit alors ? et ils nous ont raconté que là-bas, la chaleur était encore pire qu'ici, et qu'ils s'étaient fait refouler d'un night-club parce qu'ils portaient des gougounes (des tongs) et on a ri et on était vraiment content d'entendre l'accent québécois qui commencait à nous manquer. Ensuite, le charpentier nous a raconté comment il s'était plusieurs fois gelé (littéralement) les doigts en installant des toits de hangars, et c'était bon de penser au froid le plus glacial en cuisant doucement dans ce jaccuzi planté en plein désert. Finalement, on est parti se coucher en prévoyant de se lever tôt, demain, pour traverser la Vallée de la Mort.

La prochaine fois : dans le désert et Las Vegas.





1 commentaire:

  1. moi aussi je me souviens du Dow Villa de Lone Pine. On était tellement contentes d'avoir une si belle chambre avec une si grande tv et tant de chaînes qu'on s'est prises en photo en train de sauter sur le lit, genre ici c'est l'éclate. Le lendemain avant de partir, j'ai volé 5 stylos Bic noirs "Dow Villa" à l'accueil.
    jonie

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