vendredi 17 décembre 2010

Grand Tourisme

La dernière fois : après avoir quitté San Francisco précipitamment, Bonita Troccoli & Gwyneth Bison ont dormi dans un camping pourri où les oies sont légion. Nous les retrouvons alors qu'ils plient bagage pour prendre la direction des montagnes du Yosemite (prononcer : Yosémiti).

Sans prendre de café ni rien manger on a plié la tente, foutu tout le bordel dans la voiture, et frappé la route en essayant d'oublier ces bruits :



qui nous avaient tirés du sommeil en se mêlant à d'autres choses plus complexes (je suis dans une salle de bain avec ma mère. C'est comme si elle me donnait un bain. On a dû discuter un peu mais je ne sais pas de quoi. Par contre, je ne suis pas content, pas content du tout, j'enrage même. Et puis d'un coup, je l'étrangle (ma mère) avec le tuyau de douche et c'est bizarrement érotique jusqu'à ce que je me dise, non, je ne vais pas tuer ma mère. Mais je suis très, très en colère. J'arrache alors la baignoire du sol et je commence à défoncer la porte de la salle de bain avec (la baignoire a des pieds en fonte et j'enfonce les pieds en fonte de la baignoire dans la porte de la salle de bain). Puis je sors par la porte défoncée et je me retrouve dans la rue (c'est à Paris) en peignoir blanc. Il y a des oies dans la rue. Je marche et j'ai une force délirante, genre la rage, qui me permet de tordre tous les poteaux que je rencontre ; je tords les sens-interdits, les feux rouges, les potelets marrons, les lampadaires, je tords tous les poteaux. Puis je me dit : me voilà en peignoir dans la rue, ça y est je suis devenu schizophrène, c'est bon, je suis fou comme les fous dans la rue — je m'auto-diagnostique sauvagement, partie à cause de ma force hors du commun, partie parce que je sais que ce n'est pas normal de marcher en peignoir dans la rue. Les oies font beaucoup de bruit. J'ai froid à la poitrine et peur d'attraper un rhume et je me dis : mais comment je peux avoir une force pareille et en même temps avoir froid ? Et je me réveille). On a été petit-déjeuner à Oakdale, un bled sur la route du Yosemite. Bonita Troccoli a pris du bacon et des œufs et et moi des patties-sausage, des saucisses qui ont une forme de steak :

Pendant que Bonita passait à la poste pour lâcher une première salve de cartes postes sur ses copines Loretta Reuland, Margaret Cheers, Carmen Bandle, Olya et Gina Borst (Bonita est habitée par une idée du type : " des cartes postales pour Tous " (Tous = tous les gens qu'elle connait)), j'ai lu un journal et appris que le Barefoot Bandit, le bandit aux pieds nus, un enfant battu qui vivait seul dans la forêt à 12 ans, avait été arrêté :

Colton A. "Colt" Harris-Moore est né en 1992. Aujourd'hui, c'est un voleur d'avions de voitures et de bateaux, un cambrioleur de 19 ans qui prend des bains dans la maison, mange un morceau et repart dans la forêt en rebondissant à travers tout le continent Nord-américain, de l'Illnois au Canada en passant par les Bahamas ; il a cette tête là :

et ils l'ont l'eu.

En fumant, je méditais sur les Pieds Nus — admiration — quand Bonita Troccoli est revenue et m'a dit : " oh lala, la honte, j'étais en train de finir mon enveloppe pour Loretta [ Bonita fabrique elle-même ses enveloppes ], je m'étais assise sur le trottoir devant la poste et un type est descendu de son camion, avec chapeau de cow-boy et tout et tout, et... il m'a tendu un billet de 5 dollars, genre j'ai l'air d'une vagabonde, alors moi je lui ai dit non-no-no, mais il a insisté, alors je me suis dit eh merde ! et j'ai pris les 5 dollars. "

Après, suivant un conseil de Stewart, je suis passé à la pharmacie Rite Aid pour acheter des clopes (dans le nouveau monde, c'est dans les pharmacies que les clopes sont les moins chères (dans le nouveau monde, le prix des clopes n'est pas stable et varie selon les endroits où on les vend (dans le nouveau monde, les pharmacies sont des drugstores et vendent tout et des médicaments (cf. Le Bizarre chez Jean Coutu)))) et on a repris la route.

Il faisait chaud. C'était doux, bon, agréable, charmant et, en ce qui me concerne — rappel : je n'ai pas le permis de conduire, ce qui fait de Bonita T. mon chauffeur, et de moi, Gwyneth B., la place du mort — c'était surtout délicieux de bronzer du bras droit :

et de regarder le paysage en prenant n'importe quoi en photo, comme ce cube de paille au loin :

ou ces longues étendues de jaune :

parsemées de centaines de chênes :

ou alors, comme ce petit machin orange et blanc surgissant d'une touffe limite blondasse :

On a gravi des montagnes sur des routes-serpents et on s'approchait du Yosemite en écoutant, je crois, Arlo Guthrie.

Sur une des cartes de notre guide, j'ai lu des noms : La Crique du Crâne (Crane Creek), Le Point d'Inspiration (Inspiration Point), La Montagne de l'Abruti (Jackass Moutain), La Montagne du Gros Grizzly (Big Grizzly Mtn) , La Montagne du Petit Grizzly (Little Grizzly Mtn), La Piste de Danse du Diable (Devil's Dancefloor), Le Mont Chauve (Bald Mtn), Le Lac des Migrants (Immigrants Lake), Le Lac de Beaucoup d'Île (Many Island Lake), Le Lac Table (Table Lake), Le Lac du Chien (Dog's lake), La Montagne de Raymond (Raymond's Mtn), Le Pic Gris (Grey Peak), Le Pic Rouge (Red Peak), La Longue Montagne (Long Mtn) ; et j'ai dit à Bonita : " on s'approche de la Sierra Nevada, le pays où l'homme a mangé de l'homme" et le paysage commençait vraiment à devenir grand, vraiment très grand :

On a fait une courte pause à un endroit spécialement dédié à l'observation du paysage depuis la route, et j'ai photographié cet oiseau :

Puis on a roulé :
en suivant un camping-car :

On a traversé une zone de bois brûlés :

On a vu une stèle en hommage à un pompier mort pendant l'incendie :


Puis on a passé l'entrée du parc du Yosemite :

et à un moment, on a traversé un tunnel :

et en sortant du tunnel, on est tombé là-dessus :

Aucune photo ne pourra jamais rendre compte de la sensation que ce truc produit à l'intérieur du crâne d'un être humain. Là, l'expression "paysage à couper le souffle" s'est matérialisée dans nos corps. Bonita a dit "une sensation irréelle" et moi je ne savais pas quoi dire, rien, respiration coupée, l'impression de voir la préhistoire.

On est descendu dans la vallée :

et on a fini par pique-niquer au bord d'une rivière (à un moment, un genre de Renault Espace s'est arrêté à côté de nous et une Musulmane est sortie faire sa prière) :

en bronzant-glandant :

et en admirant continuellement le paysage (ce rocher fait 900 mètres de haut (je déconne pas)) :

comme drogués :

Puis on a repris la caisse et j'ai photographié les arbres :

et le soleil :

(c'est le même rocher, là, celui de 900 mètres de haut, derrière les sapins (je crois que c'est le plus gros morceau de caillou du monde (en tout cas c'est le plus gros rocher que j'aie jamais vu de ma vie))).

Puis on est arrivé dans une clairière, et, au loin, il y avait une chute d'eau, comme dans un rêve :

On s'est garé sur un parking, entre deux bus remplis d'autres touristes, et on est sorti de la voiture, toujours en maillot de bain. On a marché deux minutes en pensant rejoindre la chute d'eau à travers la clairière, mais, au bout d'une centaine de mètres, laisse-tomber, ces prairies magnifiques : sont infestées de moustiques, on s'est fait manger tout cru et nous voilà dansant une espèce de clogging :



désarticulé, en maillot de bain fluorescent. Après s'être oint de toutes sortes de crèmes répulsives sur le parking de la prairie, on est remonté dans la bagnole et j'ai encore photographié des arbres :

et des cailloux :


On a croisé d'autres touristes comme nous :

(ma dégaine d'aventurier :

(le principe du tourisme de masse : on se gâche mutuellement le paysage (c'est comme au Machu-Picchu, a dit Bonita, qui est déjà allée au Machu-Picchu)).

Puis encore la chute d'eau vue depuis une autre clairière (cette fois-ci, avec un arbre mort) :

Puis la chute d'eau vue de près :


Puis un chêne géant vu de près :

Puis un banc :

Puis l'ombre s'est étendue dans la vallée :

Et on s'est approché du gros rocher :


Où de petits personnages jaunes vous donnent une idée de l'échelle :


du gros rocher :

Nous étions loin d'être les seuls à lever la tête en plissant le nez :

Certains avait même décidé de s'asseoir :

Bon. On ne savait toujours pas où dormir ce soir (le camping du parc est complet six mois à l'avance), alors on a repris la voiture, on a vu une dernière clairière :

et on a remonté la vallée en restant bloqué dans les embouteillages pendant une demi-heure. Tout là-haut dans la montagne, on s'est arrêté pour " voir un dernier point de vue ". Je ne sais pas ce que c'est, un pléonasme ou une redondance ou je sais pas quoi, mais là, cette phrase, voir-un-point-de-vue, me faisait le même effet qu'un crissement d'ongles sur un tableau noir et Bonita n'arrêtait pas de dire ça — on s'arrête pour voir le point de vue ?— et moi je lui disais arrête de dire ça, ça veut rien dire : on voit le paysage, on se poste à un point de vue pour voir le paysage, mais jamais de la vie on ne voit le point de vue, sinon ça veut dire que tu regardes tes pieds, que tu regardes l'endroit d'où tu vois, ce qui n'a pas grand intérêt, faut le dire, c'est n'importe quoi. Mais Bonita Troccoli est têtue et la petite insolente de répondre : oh... ça va... c'est bon, t'es complètement maniaque ou quoi ? et moi de lâcher un pffffffff-laisse-tomber et de descendre de la voiture pour voir-le-point-de-vue.

Indéniablement, la vue-du-point-de-vue en haut de la vallée était grandiose :

On s'est posté là, on a regardé cinq minutes, et on est remonté en voiture. Puis Bonita a fait une marche arrière, hélas, en regardant le point de vue, et ça n'a pas loupé : on a embouti un gros van rouge qui était garé derrière nous. On est sorti de la bagnole et on a cherché le propriétaire du van. Un grand blond a jailli du groupe de gens qui regardait le point de vue. Le type était extrêmement calme alors que nous étions plutôt paniqués. On lui avait fait deux bosses dans ses portes avant et arrière, mais le type était calme. Il semblait avoir une grande confiance dans son assurance. Finalement, après divers coups de fil, un ranger a débarqué, une bestiole balèze à moustache, il a enregistré l'évènement, produit un petit papier que nous avons signé et voilà quoi... on a perdu une heure mais nous étions entre gens bien assurés, le frère de Bonita avait la même assurance que le grand blond calme et affable et tout ça s'est terminé par le grand blond nous conseillant des endroits pour dormir dans la région. On a repris un tunnel pour sortir de la vallée :
Puis on a trouvé un camping in extremis, dans les hauteurs, à la tombée de la nuit. Après une installation ponctuée par les zzzzzzz de notre lampe dynamo/solaire à manivelle, on a rangé nos saucisses, nos déodorants, notre mayonnaise, notre riz, notre coca, notre sel, notre huile d'olive, notre boite de petit pois, notre pain, nos figues, nos oranges, nos oeufs, notre chocolat, notre vin, notre dentifrice et nos produits de beauté dans cette boîte en métal :

[Photo de B.T prise le lendemain]

afin que les ours ne viennent pas nous manger. Puis on a dîné de beans à la sauce tomate cuits au feu de bois, et on a dormi sous le ciel et les étoiles :

dans ce camping rempli de groupes scolaires hurlant à la nuit.

15 juillet

Dès neuf heures, on est parti voir un point de vue, le Glacier Point pour être exact. Assis trop tôt dans cette putain de bagnole, j'avais le cul carré et une envie d'être bad comme Jesse James, de tuer tout le monde et de foutre le feu à tous ces arbres à la con. Alors ouais, le Point Glacier, c'est beau :

et grand :

et tout et tout, mais bon :


Et puis, le tourisme en bagnole, la vue en série — l'accumulation— des vues-de-points-de-vues, a ses limites. La sensation qu'on a eue (là on était plutôt d'accord) c'est que de tels paysages ont vu mourir beaucoup de gens (des ruées, ici, y en a eu plein), que de tels paysages demanderaient un peu de souffrance pour vraiment les apprécier, mais là, l'anesthésie automobile empêche le décollage, les tels paysages deviennent juste des décors et c'est fâcheux et c'est presque comme une insulte, que d'y arriver aussi facilement à ces endroits puissants et violents et beaux, une insulte un peu comme celle-là :



où Hungrybear9562 martyrise un double arc-en-ciel qui ne lui a rien demandé.

Bien sûr, l'autre versant du problème, c'est que mourir ou souffrir pour voir un point de vue n'est pas très enthousiasment.

Enfin, bref, voilà quoi : dès potron-minet, on nageait tant bien que mal dans le Grand Tourisme et on a rapidement pris la fuite en redescendant la vallée pour finir par se baigner dans une rivière à Mariposa Grove, avec des Mexicains qui se baignent en t-shirt.

Et au milieu de l'oreille des chevaux coule une rivière : la baignade, je ne sais pas pourquoi, ça me donne toujours envie de faire l'amour. J'ai fait une sieste en bandant contre ma serviette, m'endormant en imaginant un après-midi sauvage avec Bonita sous un ventilateur de motel. Puis on a tracé la route, en photographiant des arbres :

en faisant bien gaffe à bien éteindre nos cigarettes :

et en croisant des homologues :

On est sorti du parc et on est arrivé je ne sais où, un bled avec une station-service à la sortie du parc. Sous un cagnard dément, on a passé un coup de fil au frère de Bonita afin de le prévenir de l'accident. Bonita a eu une longue et complexe explication avec son frère, qui était beaucoup moins inquiet qu'elle sur cette histoire de micro-accident et qui a fini par la rassurer alors qu'elle commençait à dire : j'en ai marre c'est toujours pareil, c'est toujours moi qui fait des conneries, je suis nulle, etc. Son frère Pierce lui a dit : pas la peine de généraliser ce problème à toute ta personne, c'est toujours la généralisation qui fait souffrir, il faut rester concentré sur le problème précisément; et le problème précisément, ce n'est vraiment pas un problème très grave, tu as juste fait deux bosses dans les portes d'un van. J'ai une bonne assurance et l'autre type aussi, alors arrête de te prendre la tête. Il faut dire que Bonita était en larmes — je me demandais où donc trouvait-elle autant d'eau par une chaleur pareille — assise par terre sur le parking de la station service. Au loin, il y avait les montagnes et un beau nuage :

En plus, toute cette embrouille voiture/assurance venait fâcheusement contrecarrer les plans que j'avais imaginés en bandant-dormant sur ma serviette et ça a été une partie de mes arguments pour remonter le moral de Bonita (je fais ce que je peux), c'est-à-dire : poulette, (premier argument) on est aux states, plantés dans un décor, certes, mais un décor magnifique, en tout cas, franchement inédit à nos yeux, bref, (deuxième argument sans lien logique avec le premier (quoique)) te prends pas la tête avec ces deux bosses dans un van rouge alors qu'on pourrait baiser délicatement&férocement tout l'après-midi.

Finalement, l'argument de Pierce Troccoli sur la généralisation d'un problème spécifique + mes deux arguments décoratif et sexuel ont eu raison de la crise, en tout cas, ça avait l'air d'aller mieux.

Ensuite, on a été payer l'essence, la caissière de la station-service avait l'air cool d'une fan de hard-rock avec ses lacets orange sur ses vans noires et elle a glissé un subtil "De rien" en réponse à notre "Thank you" et on a repris la route où j'ai photographié n'importe quoi :

n'importe comment :

J'essaye de développer un nouvel art, un nouveau genre de photographie, un nouvel enregistrement, après la photographie de mariage, la photo de guerre, la photo de paysage : les Vues de la Place du Mort, on pourrait appeler ça (le nom est provisoire). Des fois, c'est joli :

des fois, moins :


ou alors, des fois, j'ai un coup de cœur pour des tentes blanches :

ou des voitures vertes :

ou des pick-up :


ou des chrysler :

ou des panneaux luminescents :



Enfin bon.

Il commençait à faire chaud chaud chaud dans la vallée jaune :

et sur les maisons drapeau :

et sur les trucs genre Pierre Philosophale Électronique :

et on a atterri sur un bout d'autoroute :


puis on a vu des bulldozers :

et, précisément à ce morceau de sol défoncé :

on a tourné à droite et on est arrivé à Sanger qui ressemble à une grande rue :

bordée de trucs comme ça :

On rêvait d'une piscine (on avait décidé de dire NON à la climatisation, NON à la Totale Capsule Automobile, afin de vraiment sentir l'Amérique dans nos corps en bronzant du bras gauche pour Bonita, du bras droit pour moi) et les dieux étaient avec nous :

Dans notre chambre, la traditionnelle sculpture de serviette :

un miroir :

des hérons amoureux :

un meuble marron :


deux meubles marron :

Bon, bien sûr, on a tout de suite été se baigner, et j'ai remercié le ciel d'avoir donné des épaules à Bonita Troccoli :


Puis j'ai pris en photo les sièges en plastique :


de cette piscine de film porno :


On a profité du confort moderne pour (sans ordre particulier) se laver, faire l'amour, essayer de ranger l'énorme sac de B. qui s'autovomit régulièrement sur la banquette arrière, recharger les batteries de l'appareil photo et se couper les ongles des pieds. À la tombée de la nuit on est parti à pied chercher un Mac Do ou un truc comme ça. Dehors, on a eu l'impression d'évoluer dans un sèche-cheveux :
Impression fondée sur l'expérience : B.T. a de longs et beaux cheveux épais comme dans une pub Vidal-Sassoon et en temps normal, ils sèchent lentement (compter deux à trois heures de temps de séchage), mais ici, à peine était-elle sortie de la douche, alors que nous marchions sur cette longue route où les marcheurs sont l'exception (il y a des joggeurs) que déjà sa chevelure était resplendissante, soyeuse et sèche comme un champ de blé noir au mois d'août dans un pays que le soleil terrorise.

Un hamburger, un coca et une frite dans un Jack In The Box plus tard, on a croisé un homme sur le chemin du retour, une montagne de muscles noirs, perlé de sueur, qui faisait un improbable marathon. Puis retour au motel et télé. Vers 22h, j'ai voulu faire quelques photos et je suis sorti. Alors que je photographiais l'escalier du motel :

je suis tombé sur des flics ou des flics sont tombés sur moi. L'agent-géant (au moins deux mètres de haut et je ne sais combien de kilos de muscles) m'a dit : "How you doing ?" et j'ai compris "What are you doing ?" alors je lui ai dit : "I'm taking pictures of this stairs " et il m'a dit : "That' all right, you can take as many pictures as you want " et je me suis dit bon, je ne vais pas leur demander ce qu'ils foutent là, le mieux est de prendre un peu de distance, et j'ai été sur le parking en face du motel pour prendre cette photo :

En passant devant la voiture, j'ai vu que c'était une voiture pour flic-seul, chaque flic a sa voiture, un flic par voiture (il y avait deux voitures, c'est à dire deux flics en visite dans le motel). À la place du mort, il y avait un ordinateur pour flic et j'ai pensé : Tous Cyborg. Puis, je suis revenu dans notre chambre et les flics parlaient avec la voisine. J'ai soupçonné notre voisine d'être une femme seule et désespérée qui appelle la police parce qu'elle n'a personne d'autre à qui parler, quoique je me sois souvenu d'un patibulaire en pantacourt et tatouages croisé dans l'après-midi sur le parking du motel, mais je n'ai jamais su le fin mot de l'histoire. Les flics sont repartis comme ils étaient venus, discrètement. Finalement, j'ai regardé un film d'action débile qui m'a excité et empêché de dormir.

La prochaine fois : campeurs approximatifs / acclamation dans la vallée / le deuxième être vivant le plus imposant du monde