#9 juillet
Après le parking, les pleurs et les sourcils froncés, on a roulé pendant une petite heure, en écoutant surtout Wendy Rene :
Mais Wendy, hélas, tout est giratoire— même — la vie de touriste tourne comme la roue tourne — c'est plus ou moins c'est-comme-ça — tu try d'hold back ton sorrow, et à un moment tu tombes sur des zébres en pleine Californie :
et tu dis : " Mais c'est quoi ce bordel de château au loin dans la brume ? " :
et tu prends un café à la station-essence/office du tourisme/ Entrée-Officielle-de-Big-Sur ( pleine de mon oncle en Harley), et là on t'explique que :
- les zébres sont les zébres de Xanadu, Xanadu le château au loin dans la brume :
- Xanadu, en vrai, c'est le Hearst Castle de Citizen Kane :
- Citizen Kane, en vrai, c'est William Randolph Hearst :
le magnat de la presse qui avait un zoo dans son château où il y avait plein de petits éléphants :
. Un jour ( toujours selon le cafetier de la Station-Service) quand Kane/Hearst est mort, Xanadu/ Hearst castle est devenu un Monument National et ils ont décidé de lâcher les animaux partout dans Big Sur, comme un genre de partage des richesses, d'où les zèbres en pleine Californie.
Passé l'explication, tu reprends la route et tout de suite apparaissent les premiers cailloux du Grand Sur :
et ainsi de suite ; mutique traversée :
jusqu'à ce que : merde! on va jamais trouver de camping dans le coin, c'est bondé pendant les vacances et c'est cher et quand même super chic Big Sur. Alors, habituelle stratégie, on grimpe pour dépasser les nuages :
On se retrouve littéralement dans le nuage :
Puis le nuage se déchire :
dans la montagne ( avec les monstroplantes :
). On se trouve un camping quasiment vide à 12 $ la nuit, tenu par un Rangers flippant et mutique qui habite dans un bus-guéritte, un Vétéran du Vietnam qui ressemble au type qui massacre tout le monde à la tronçonneuse, et on va se promener dans la rivière :
et on fait des exercices physiques :
[photo censuré par B.T sous prétexte qu'elle y figure telle une " grosse dondon" (sic) ]
[photo censuré par B.T sous prétexte qu'elle y figure telle une " grosse dondon" (sic) ]
et même à la nuit tombée, assis sur le banc de l'inévitable table :
les arbres sont beaux :
et tu te couches en pensant, ce bruit, ce doit être un putois ou une biche ou je-ne-sais-quelle saloperie :
# 10 juillet
Ce matin-là, en me réveillant, j'ai eu l'impression que je m'était pris un coup de poing dans la cuisse et je me suis dit, non, non je ne me suis pas pris de coup de poing dans la cuisse pendant la nuit, c'est impossible, alors j'ai regardé ma cuisse en pensant tout de même y découvrir une ecchymose, mais je n'y ai rien trouvé qu'une tique gigotant dans ma cuisse et j'ai déclaré : " oh merde qu'est-ce que c'est que cette merde ! " et Bonnita a bondi hors de son duvet et on a tous les deux regardé la tique gigoter de toutes ses pattes dans ma jambe et Bonnita m'a dit attends!, et j'ai dit mais merde-de-saloperie-de-bestiole-merdique! et j'ai attrapé l'insecte et je l'ai sorti hors de ma jambe avec mes ongles et Bonnita l'a pris dans ses mains et je ne sais plus où elle a fini, cette tique.
Comme on a toujours pas acheté de réchaud, le matin, c'était une demi-heure pour faire le feu :
Je m'y suis collé pendant que Bonnita pliait le camp ( l'idée était de se casser au plus vite de ce lieu hostile). Ensuite, on a retraversé les nuages en rembobinant :
et, arrivé sur la route, on a croisé un autre Stewart :
avant de s'arrêter dans le Julia Pfeiffer Burns State Park ( Julia Pfeiffer Burns, encore une sommité qui fini par donner sa maison géante et paradisiaque à l'État) :
où Bonnita Troccoli a eu envie-de-pleurer-tellement-c'est-beau et où elle a dit Maman comme à chaque fois qu'elle a des émotions fortes ( et où je me suis dit, cynique, ici, ça sert vraiment à rien de prendre des photos :
). J'avais mal dans ma jambe et quand on s'est arrêté à la bibliothèque Henry Miller de Big Sur, j'ai jeté un œil sur Wikipédia et je me suis aperçu qu'une seule tique, autrefois dite " Tiquet " ou " Ricinus ", peut détruire un homme, notamment parce qu'elle trimballe (potentiellement) : la Borréliose, la Rickettsiose, l'Anaplasmoses, la Coxiellose, la Babesiose, la Bartonellose, la Francisellose, l'Ehrlichiose ou la Cowdriose et diverses viroses et trucs en -oses.
J'ai dit à Bonnita, Bonnita, ras-le-cul du camping, j'ai mal dans ma jambe, et Bonnita a dit d'accord-ouais-c'est-vrai, ras-le-cul du camping, mais commence pas à paniquer, viens avec moi dans les toilettes, je vais te mettre de la crème qui tue les microbes et j'ai dit d'accord mais je refuse de mourir d'un truc en -ose.
Ensuite, j'ai passé un coup de fil avec le téléphone de la bibliothèque et on m'a dit des choses que je n'ai comprises qu'à moitié ( en gros, j'ai dit : no-no-no, i don't know if la tête de la tique is still dans ma jambe ; et on m'a répondu : First things first, d'abord, trouve un stylo bic and fais-toi un cercle autour de the bite pour surveiller si le machin is growing ; ensuite : les urgences, forget it, tu vas attendre 400 ans, les pharmacies d'urgences, forget it aussi, la prochaine est à cent miles vers San Francisco; mais il reste : Doctor's on Duty où tu n'as pas besoin de rendez-vous, et j'ai dit all-d'accord et j'ai raccroché en imaginant plus ou moins un truc comme ça :
).
On a repris la route et dans la voiture c'était toujours pareil, le chaos :
mais dehors, c'était vraiment et continuellement trop beau :
quoique la flore californienne soit sérieusement protégée/privée dans ce coin-là :
Et Bonnita Troccoli a dit un truc genre: " Big Sur, c'est un peu les Alpes qui tombent dans les Antilles, non ?" :
suivi de : "Darling, j'ai vu ça dans le journal :
ça te branche ? "
Et j'ai répondu : " Du surf-rock des années 50, de la social distortion et du vieux Johnny Cash dans une pizzéria à Salinas ? Bah oui, très-certainement-madame, whichky an ' choda an' rock an roll, comme disent les Napolitains ; en plus, doit bien y avoir une pharmacie à Salinas, ce nom me dit quelque chose et je refuse de mourir de la myxomatose ".
Encore, on est rentré dans les terres en quittant le bord de mer, et après avoir traversé une vallée géante de champs d'oranges :
on est tombé sur Doctor's on Duty ( le slogan : No Appointements Necessary... Walk In! ) à l'entrée de Salinas. On est rentré dans cette espèce de machin pavillonnaire méxicano-toscano-grec :
en pensant trouver ce genre de mecs :
mais, dedans, c'était deux femmes mexicaines armées de quatre des plus gros seins du monde médical californien qui m'ont accueilli d'un grand sourire dans des bureaux neufs, style Hôtel Tropical & Médical, carrelage beige, murs écrus et mini-palmiers dans la salle d'attente.
J'ai mal dans ma jambe, you know — j'ai dit — a tique bite in my cuisse ... don't know if la tête is still in my jambe... Je peux see un Doctor on duty ? Et les deux filles, maquillées comme la première voiture que nous avons vue à Salinas :
m'ont demandé : have you got une assurance ou un truc comme ça ? J'ai dit : i'm un super-touriste, i just do tours, et je n'ai pas at all d'assurance tout risque... you know... Bonnita Troccoli and me, on tourne en Californie from France, je voudrais just qu'un Docteur En Service have a look on my jambe, pour savoir si it's alright. Alors elles m'ont dit, sur un ton de confidence : hmmm... but... je sais-pas-si-tu-sais.. ici, la consultation about your leg c'est 187 Dollars le coup d'œil...Et là j'ai dit : WHAT ?! Are you rigoler ?! Bonnita ! Ces dames me disent qu'it's 187 dollars le coup d'œil, nan mais tu realize ? Are you sure ? — je leur ai dit — et elle ont pris un air désolé. J'ai dit : ok, i'm not going to payer 187 Dollars pour ce truc, ça va déjà better, tant pis pour all these things en -ose, we'll verra bien si mes rougeurs dépassent mon cercle de stylo-bille, thank you. Et elles ont dit : You're welcome. Et j'ai dit : How much did you say déjà ? 187 ? Et les filles ont ri et on est parti chercher un hôtel.
On a tourné dans le centre-ville, en passant devant une fresque Gloire Aux Cuisines Neuves Vs Gloire Aux Carreleurs :
un cinéma :
deux cinémas :
un parking :
une ruelle floue :
et une gare Greyhound :
Puis j'ai été me renseigner sur les prix pratiqués par l'hôtel du centre-ville, pendant que Bonnita m'attendait dans la voiture. Au milieu de cette ville où tout semblait plus ou moins neuf, le lobby de l'hôtel du centre-ville avait un côté vieux et européen avec du vrai bois qui m'a touché le mal du pays. L'échauguette du gardien était vide, alors j'ai été demander assistance à la cuisinière du restaurant mexicain de l'hôtel. Elle m'a accompagné et aidé à trouver la sonnette que je n'avais pas vue. Elle a sonné plusieurs fois de suite comme si elle envoyait des décharges électriques directement dans les dents du gardien, et ça m'a un peu embarrassé parce que jamais je n'aurais sonné comme ça. Puis elle repartie vers ses fourneaux en me disant don't worry. Ensuite, j'ai attendu un gardien hindou qui a mis dix minutes pour sortir de sa chambre et qui semblait aussi sortir d'une sieste complexe, pleine de mauvais rêves. J'ai demandé how much for une room ? Et il m'a dit Seventy-Five Dollars. J'ai dit Ah, trop much, thank you et j'ai tourné les talons. Wait ! Je peux la faire à fifty, et je me suis retourné et j'ai dit euh... On cherche un truc around quarante... Ok, forty-five for you ! et j'ai dit hold on : je vais voir ce qu'en dit Bonnita. Bonnita, il est descendu de ses mauvais rêves à 75 pour me la faire à 45. En plus, ça fait un peu comme chez nous cet hôtel. Ça te branche ? Y a une douche ? elle m'a dit. Ah-non-merde-j'ai-pas-demandé, attends, je reviens. J'ai dit : shower dans la chambre ? Non, à ce prix-là, c'est shower dans le couloir, mais you can have a look on la chambre, come on. J'ai dit : attends, et je suis reparti chercher Bonnita. Ensuite, il nous a montré la chambre avec un air désolé, voire extrêmement coupable, mais moi j'ai dit, ( je déteste négocier des prix) ouais-c'est-bon... non ? Et on a signé. On avait envie de se reposer avant d'aller voir ce concert dans une pizzéria. À la réflexion, je crois bien qu'on a échoué dans la chambre d'hôtel la plus pourrie de l'Ouest, avec des trous dans les murs :
un genre de placard-gêole :
une porte marron, une moquette marron et des murs vieux-pistache :
des raccords de moquette sans foi ni loi :
des trous flippants dans le matelas :
un éclairage psychiatrique :
et une vue déprimante :
.En plus, un type avait gravé sur la porte marron un message pour ses successeurs frileux :Depuis San Diego, Bonnita Troccoli avait décidé de continuer à faire des exercices coûte que coûte, tandis que j'abandonnais nos saines résolutions en m'allongeant sur le lit et en allumant la télévision. C'était la météo :
J'ai regardé le mur :
et je me suis demandé où pouvait bien être Stewart à l'heure de la météo. Puis, en zappant, je suis tombé là-dessus :
J'ai regardé Bonnita :
Et j'ai regardé la télé :
Ensuite, je me suis levé pour regarder par la fenêtre :
et j'ai vu un skateur solitaire :
un pick-up noir :
et l'enseigne de l'hôtel :
Et j'ai dit : Bon, c'est où ce concert ? 926 main street. La main street, c'est juste celle-là, je descends pour voir. Je suis descendu et je suis remonté et j'ai dit : bon, laisse tomber, faut prendre la bagnole, ici on est au 17 main street, et on va pas se taper 909 numéros à pied.
Ensuite, Bonnita a pris une douche, j'ai pris une douche, et on est parti vers la Pizza Factory " We Toss'em, They're Awesome", Amorim Entreprises, Inc. Salinas, CA.
La prochaine fois : est évidente, mais nous aurons aussi au programme : lessive et fête du Rodéo à Salinas.
Bon, j'ai lu d'un bloc sans trop me faire emmerder par les mosquitos, les coupures de courant, les coupures d'eau (ah non, ça ça ne compte pas).
RépondreSupprimerBonnita a t-elle signé un papier pour qu'on puisse exploiter son image comme ça? Est ce que dans le prochain épisode c'est toi qui peux verser quelques larmes ( allergie à la lessive ou quelque chose dans le genre). Est ce que toutes ces questions emmerdantes peuvent tenir dans un commentaire de blog?
Le nuage qui se déchire, ah que c'est beau, ça fait un peu lyrisme de mangas japonais. Au prochain épisode...
à mon avis, tout tes vœux peuvent se réaliser d'un coup : Bonnita s'aperçoit de l'utilisation abusive de son image, elle me gifle et je fini par pleurer. Pour la question commentaires&questions, ma foi, les mails c'est toujours mieux pour développer. J'essaye ce truc de commentaires, mais c'est un peu cheulou comme truc, surtout dans ce contexte.
RépondreSupprimerMort aux moustiques.
Et tu ne diras donc rien sur les fonctions de Matilda.Le sac bleu apparaît dans l'épisode 2, c'est tout. Ce n'est pas assez. Je suis pendue au fil de l'histoire pour ne pas dire je bave ou j'adore.
RépondreSupprimeroui, j'ai complétement loupé mon truc sur Matilda ; ai voulu faire un genre de mystère ( qui est Matilda ?) qui se résoudrait très prosaïquement ( c'est un sac bleu), mais il semble que j'ai n'ai pas été clair du tout ( et je me suis mélangé les pinceaux en faisant de Matilda une structure en métal ( ce qui n'est pas vrai ( my fault)) afin de vous séduire tous, d'augmenter mon audience, de vous en mettre plein la vue, de vous tenir en haleine, d'être votre dealer préféré, d'instiller une dépendance tenace & inconsciente dans votre hémisphère droit. J'ai été faible et vil.
RépondreSupprimerC'est pourtant fort simple. Matilda n'est rien d'autre que le surnom que Stew donnait à son sac bleu. Un gros sac bleu de randonneur, façon déchatlon, remplit de tout un tas de choses, fringues, ouvre-boîte, boîtes, duvet, etc.
La structure en métal n'a pas de nom, mais elle est tatoué ( soudée) du nom de son maître et sert à trimballer cet énorme sac bleu remplit de presque toute une vie. C'est un copain de Stew qui l'a soudé pour lui ( la structure en métal, pas sa vie).
Pour résumer : la structure en métal est comme un genre de diable auto-construit ; Matilda est le surnom du ( gros/grand/remplit) sac de Stew.
Je n'ai pu prendre en photo tout le bardas ( Matilda + Structure en métal) tout simplement parce que nous l'avons vu entièrement montée 1/ la première fois que nous avons rencontré Stew et 2/ la dernière fois que nous l'avons vu.
Bon, j'espère avoir été clair.
enfin la vérité sur matilda!
RépondreSupprimerj'attends ça depuis un moment.
toujours accro.
nan nan, mais okay sur le mystère de Matilda, la chevauchée des nuages troués-manga, Praline Crunier Jadin qui bave, ça c'est acquis, all folks.
RépondreSupprimerJe reste malgré tout persuadé que ton putain de Dalmatien Albinos en négatif c'est un Labrador du 7eme arrondissement que t'as piqué à la mère de Manuel Blanc. Pas le frère de Dominique Blanc, ni le cousin de Cigarillo Christian Blanc, même pas le fils de Michel. ( Enfin si, mais pas celui à qui on pense d'entrée de jeu.)
ENCULÉ.
Vivement la washing machine
Carlito aime le propre, donne lui en bordel (ça va Carlos?"t'es loin mon chat"signé ryanair).
RépondreSupprimerbref-mouton:
Matilda n'est qu'un transfert das Dingsbum.